La guerre de la conquête
Le régime militaire
Légende: Sir Jeffery Amherst, général en chef des forces britanniques en Amérique du Nord, 1759
En septembre 1760, après la capitulation de Montréal, Amherst et ses officiers font face à un nouveau défi, celui de gouverner le Canada. Il s'agit d'un enjeu de taille, car le pays est en ruines, la famine menace et de nombreuses familles sont sans abri. De plus, il faut maintenir la paix parmi cette population à l'aide de troupes qui ne s'expriment pas dans la langue du pays.
Amherst a alors recours à la milice canadienne : dès le 22 septembre 1760, il décrète que les officiers de milice assureront « le bon ordre et la police 23 » dans les paroisses et les villes, comme sous le Régime français, et qu'ils serviront d'intermédiaires entre le gouvernement et le peuple. Selon les termes de la capitulation, tous les Canadiens doivent être désarmés. Mais, deux semaines plus tard, les autorités britanniques reviennent sur leur décision, autorisant les officiers de milice à conserver leurs armes, permission qui s'étend aux miliciens, dans la mesure où ils en font la demande. De plus, les officiers de milice serviront désormais de juges de paix dans les causes mineures, car les magistrats sont rentrés en France, emportant avec eux leur connaissance des lois et des coutumes. Cette mesure est à l'origine de la création des « cours de milice ». Bien que ces nouveaux juges soient peu familiers avec la jurisprudence, le système des cours de milice était nettement préférable pour la population à celui des cours martiales britanniques. La prise en charge d'une partie du gouvernement civil par la milice canadienne était un événement capital. En effet, la milice constituait un intermédiaire crédible entre une population en désarroi et une armée étrangère qui aurait pu tomber dans certains excès durant cette époque fort troublée.
De leur côté, les troupes régulières de l'armée d'occupation reçoivent la consigne de se comporter correctement. Elles font preuve de modération et il y aura peu d'incidents durant cette période entre les Canadiens et les soldats britanniques qui, d'ailleurs, se tiennent habituellement à l'écart les uns des autres. Personne ne sait alors si le Canada deviendra colonie britannique ou s'il sera rétrocédé à la France à la fin de la guerre.
- Date de modification :