Les premiers guerriers
Un acte rituel de rétribution
Cannibalisme et scalpage
Légende: Guerrier amérindien brandissant un scalp
Il est une autre pratique amérindienne sur laquelle les Européens jetèrent l'anathème : le cannibalisme. Les Amérindiens consommaient parfois le cœur ou d'autres parties du corps d'un ennemi qu'ils avaient jugé particulièrement brave face à la souffrance et à la mort, au lieu de simplement le jeter aux ordures, afin de s'approprier son courage et parce qu'ils le croyaient digne d'être perpétué de cette manière. Si cette macabre coutume pouvait avoir un sens dans certains cas, il y eut d'autres occasions où la déraison l'emporta. Tel cet infortuné prisonnier qu'ils éventrèrent sans rituel afin de pouvoir s'abreuver de son sang et manger son cœur « encore chaud » 6.
La coutume de lever des scalps, c'est-à-dire d'arracher la chevelure d'un ennemi en découpant le cuir chevelu, semble très ancienne. Dès 1535, un explorateur remarqua « les peaux de cinq têtes d'hommes » 7 à Hochelaga. Cette pratique était fort répandue, aussi bien chez les Amérindiens des forêts que chez ceux des plaines. Le scalp était de toute évidence un trophée de guerre. S'il était prélevé sur un blessé, la victime avait peu de chances de survie. On préférait couper la tête du vaincu et l'emporter; mais si l'on était trop encombré, on enlevait simplement la chevelure. Telle aurait été l'origine de cette horrifiante coutume.
Horrifiante aux yeux des Européens, qui la condamnaient à grands cris. Il se pratiquait pourtant à ce sujet une morale bien douteuse durant les guerres coloniales. En effet, à partir de la fin du XVIIe siècle, les autorités de la Nouvelle-Angleterre offrirent des primes importantes pour les scalps de leurs ennemis. Les Français, dont les chevelures se trouvaient ainsi mises à prix, rétorquèrent en faisant de même pour celles des Britanniques, bien que la valeur de leurs primes n'ait été qu'un dixième de celles payées par les Anglais. En fait, ils préféraient consacrer leur argent à racheter aux Amérindiens les Blancs qu'ils gardaient en captivité. Enfin, il arriva que des combattants blancs des deux côtés s'adonnèrent eux-mêmes à lever des scalps. En réalité, sous leurs protestations officielles, les autorités coloniales perpétuaient donc cette pratique dont ils faisaient porter l'odieux aux Amérindiens.
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