L'Organisation de la Nouvelle-France

Les marines française et britannique

Bien que préoccupée surtout par la défense de ses frontières à l'est, la France devait également se soucier de son littoral du côté de l'Atlantique et de la Méditerranée. La sécurité du commerce et des pêcheries exigeait des navires de guerre. Ce fut l'œuvre du cardinal Richelieu, sous Louis XIII, durant les années 1620 et 1630, que de doter le royaume d'une puissante flotte de guerre. Mais celle-ci, négligée par la suite, ne comptait plus que quelques navires en 1661, quand Louis XIV prit le pouvoir. Un vaste programme fut alors mis en place, sous la direction de Jean-Baptiste Colbert, afin de constuire plus de cent vaisseaux de guerre et une soixantaine de frégates et de brûlots. La puissante marine française put dès lors prétendre à la suprématie des mers.

La Grande-Bretagne, de son côté, était en ce temps-là une grande puissance navale. Son insularité la mettait à l'abri des invasions terrestres, pourvu, toutefois, qu'elle possédât une puissante marine de guerre, capable d'arrêter toute tentative d'invasion par la mer. Ce principe guidait toute la stratégie militaire anglaise. De tout temps on érigea très peu de fortifications en Angleterre et l'armée y resta modeste. C'est la Royal Navy - la marine royale - qui, dans les budgets, obtenait la part du lion, car tous les Anglais comprenaient que leur sécurité ne pouvait être assurée que par une flotte toute-puissante. Durant les années 1660, on s'inquiéta de la menace que faisait peser sur le royaume la nouvelle flotte de Louis XIV. Il appartint à Samuel Pepys, secrétaire à l'Amirauté, de renforcer et moderniser la Royal Navy, de façon à garantir à l'Angleterre la suprématie navale. Ce à quoi il s'employa durant les années 1670 et 1680.

L'affrontement des grandes flottes française et britannique se produisit durant la guerre de la Ligue d'Augsbourg (1689-1697). En 1690, la marine française parvint à prendre pour un moment le contrôle de la Manche et à dominer les parages de l'Angleterre, mais deux ans plus tard sa flotte fut défaite à La Hougue. Elle ne se remit jamais de ce désastre.

Durant le reste du règne de Louis XIV, toutefois, la flotte française resta redoutable et empêcha l'Angleterre d'obtenir la suprématie totale sur les mers. Mais, sous Louis XV, le déclin de la marine française continua tandis que sa grande rivale, la Royal Navy, devenait de plus en plus puissante. À cette époque, en effet, les Britanniques prirent des mesures draconiennes pour augmenter le nombre de leurs navires, renforcer la qualité des équipages et améliorer la discipline. En 1755, la Royal Navy comptait 140 vaisseaux de guerre. Pendant ce temps, en France, la Marine ne recevait pas assez d'argent. Elle était alors à la fine pointe dans le domaine des sciences navales, mais les équipages étaient mal entraînés et elle ne comptait que 60 vaisseaux à l'aube de la guerre de Sept Ans.