La vie quotidienne en Nouvelle-France

Les soldats

En route vers le dépôt des recrues

Le « lendemain de la veille », la nouvelle recrue se réveille au service de la Marine et rejoint ses semblables pour être amenée vers La Rochelle ou Rochefort sous la surveillance d'un officier. Souvent un ou deux archers de la maréchaussée escortent le groupe au cas où certains changeraient d'idée. De La Rochelle, les recrues s'embarquent pour l'île de Ré dont la forteresse sert de lieu de rassemblement pour la plupart des troupes coloniales, ou font voile vers l'île d'Oléron, plus au sud. Avant les années 1730, les recrues ignoraient souvent vers quelle colonie elles seraient dirigées. En 1684, par exemple, les soldats destinés au Canada montaient dans les navires « ne sachant pas l'endroit pour lequel » on les embarquait. Pendant que les nouveaux arrivants attendent le jour du départ, on leur enseigne les notions de base de la vie militaire. Plus d'un songe alors à déserter, mais les chances de s'évader d'un fort logé dans une île au large des côtes sont plutôt minces.

Durant la traversée, il n'est pas rare qu'une épidémie se déclare à bord, emportant plusieurs recrues. Bien que les médecins de la Marine ignorent tout des bactéries et des microbes, ils font le lien entre le manque d'hygiène et la contagion. Pour remplacer les hardes crasseuses que portent souvent les nouveaux venus, « l'usage est de donner aux soldats de recrue avant leur départ » 80 une veste de laine de Mazamet - qui sera remplacée à partir de 1717 par un sarrau de toile gris-blanc garni de 18 boutons de laiton -, une culotte de toile grise, une paire de bas, une paire de souliers, une ou deux chemises, un bonnet de laine, un peigne, une couverture et un hamac. Les épidémies à bord des navires persistèrent, mais ces mesures en réduisirent certainement le risque.