La vie quotidienne en Nouvelle-France
Les soldats
La paye du soldat
Légende: Canonnier d'une compagnie de canonniers-bombardiers stationnée en Nouvelle-France, entre 1743 et 1750
Le mot soldat dérive de solde. C'est dire toute l'importance que revêt la paye pour ces hommes. Le pécule qu'ils reçoivent est pourtant bien mince et les déductions nombreuses, entre autres, pour le logement et la nourriture. Si l'on prend pour exemple la solde d'un soldat des Compagnies franches de la Marine, de 1680 à 1750, plusieurs constatations s'imposent. En premier lieu, on note que durant toute cette période - 70 ans ! -, la solde reste inchangée : 9 livres par mois totalisant 108 livres au bout de l'année, avant déductions 82. À titre de comparaison, dans la vie civile, vers 1740, un journalier peut gagner 360 livres par année ; un contremaître, 700 livres ; un forgeron, 1 000 livres aux forges du Saint-Maurice 83. En deuxième lieu, c'est qu'avant d'acheter quoi que ce soit avec ses 108 livres notre soldat voit sa solde subir des déductions considérables pour l'habillement, pour l'état-major, pour la ration, pour la caisse des Invalides de la Marine. Au bout du compte, il ne lui reste guère qu'une quinzaine de livres par année.
Que peut-on acheter, vers 1700, avec cet argent ? Un bel habit avec sa veste peut valoir entre 60 et 120 livres ; une robe de chambre, 30 livres ; une paire de pantoufles, deux livres ; une paire de bas de soie, 12 livres ; un beau fusil de chasse, 50 livres ; un livre de contes, 20 livres ; un ensemble de toilette, huit livres. Et il ne s'agit encore ni de meubles, ni d'habitation !
Enfin, le paiement de la solde réelle - ce qui se rend dans la poche du soldat - se fait aux trois mois, durant une revue de la compagnie par l'état-major. Seuls les soldats présents la touchent. Le trésorier garde en réserve la solde des absents - à l'hôpital ou détachés dans les postes - jusqu'à leur retour.
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