La guerre de la conquête
La capitulation
De sévères conditions de capitulation
Toute tentative de défense paraît vaine. Les fortifications de la ville - un simple mur de pierre dans lequel l'artillerie ennemie ouvrira une brèche en quelques heures - ne sont nullement conçues pour soutenir un siège à l'européenne. Vaudreuil et Lévis ne peuvent que capituler. Ils délèguent Bougainville auprès des Britanniques pour négocier les termes de la reddition. Amherst se montre intraitable : les troupes régulières françaises doivent se rendre sans les honneurs de la guerre, remettre leurs armes, et surtout leurs drapeaux, conditions extrêmement dures pour l'époque, et même injustes envers une armée qui s'est battue avec tant d'acharnement et de vaillance. Outré, Lévis envisage de se retrancher avec les régiments français dans l'île Sainte-Hélène, tout près de la ville, afin de livrer un ultime combat. Vaudreuil refuse, probablement la mort dans l'âme, voulant éviter un bain de sang inutile et protéger les civils contre les éventuels méfaits d'une soldatesque débridée.
Lévis se soumet donc. Cependant, dans la nuit du 7 au 8 septembre, les soldats français tiennent une émouvante cérémonie au cours de laquelle les porte-drapeaux de chaque bataillon brûlent ces symboles sacrés que sont les drapeaux régimentaires. Le lendemain, 8 septembre 1760, Vaudreuil signe la capitulation. Les grenadiers et l'infanterie légère britanniques se rendent à la place d'armes où les troupes françaises déposent leurs armes. Quand les Britanniques exigent les drapeaux, Lévis répond sur son honneur qu'ils n'existaient plus au moment de la capitulation, ce qui est exact. Offensé de ne pouvoir mettre la main sur ces trophées, Amherst soupçonne les Français de les avoir cachés, provoquant un « scandale 22 », consigne-t-il dans son journal. Mais il est bien forcé de s'en tenir à la parole d'honneur de Lévis.
Amherst a néanmoins d'autres problèmes autrement plus pressants à régler que celui des drapeaux. Les Britanniques se retrouvent en effet avec 3 116 officiers et soldats français prisonniers, dont 907 issus des troupes coloniales. Avec les femmes, les enfants et les domestiques qui accompagnent habituellement l'armée, le nombre de personnes sous leur garde excède les 4 000. Plusieurs soldats français ayant épousé des Canadiennes durant la guerre, la possibilité de quitter le service et de rester au Canada s'offre à tous, et des centaines d'hommes s'en prévalent.
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