La révolte de Pontiac et l'invasion américaine
Réputation guerrière des Canadiens
Des problèmes juridiques et politiques insurmontables
Légende: Soldat britannique portant un habit d'hiver, 1765-1783
Peu après son arrivée, Guy Carleton, qui succède à Murray en tant que gouverneur du Canada en 1766, propose également la levée d'un ou de deux régiments composés de Canadiens. Il évoque, statistiques à l'appui, le nombre élevé d'officiers de divers grades, aptes à servir, parmi la « French Noblesse in the Province of Québec 32 », soit 51, dont 10 capitaines. Afin de rallier les gentilshommes de la colonie à l'Angleterre, soutient-il, il faut donner à ces militaires des brevets d'officiers dans un nouveau régiment colonial régulier, voire leur octroyer quelques places dans l'armée métropolitaine.
Londres oppose un nouveau refus, évoquant cette fois un problème juridique et politique incontournable. Selon la loi anglaise, en effet, les catholiques ne peuvent détenir aucun poste officiel dans le royaume. Il est donc impossible d'accorder aux Canadiens des brevets d'officiers dans les forces armées régulières. La situation risque de dégénérer à tout moment bien que les Canadiens, encore affaiblis et ruinés par l'invasion de leur pays, ne se montrent pas, pour l'heure, ouvertement hostiles aux Britanniques. Mais qu'adviendra-t-il à l'avenir si leur mécontentement prend de l'ampleur ? Parmi les quelque 18 000 Canadiens en mesure de porter les armes, la plupart ont déjà combattu et connaissent mieux les tactiques de guérilla que les soldats réguliers, et sont en outre des tireurs hors pair et d'excellents miliciens. Une population aussi militarisée constitue un cas sans équivalent en Europe ni dans les autres colonies. Si un conflit sérieux advenait avec les Canadiens, ce ne seraient pas deux régiments britanniques qu'il faudrait tenir en garnison dans la vallée du Saint-Laurent, mais bien une douzaine !
- Date de modification :