La révolte de Pontiac et l'invasion américaine
L'Acte de Québec
Il faut rallier les Canadiens à la cause britannique
Pour Carleton, comme pour les membres du gouvernement britannique,
une émigration massive de la Grande-Bretagne vers le Canada paraît improbable. Ils demeurent convaincus que la « Province de Québec » restera une colonie à population majoritairement française et catholique. Seulement 2 000 Britanniques et Américains environ y résident - la plupart habitant Québec et Montréal - et il est peu probable que leur nombre augmente de façon significative, car même les tentatives de peuplement militaire se sont avérées peu fructueuses 33.
La seule façon de garantir la sécurité, la paix sociale et la prospérité de la colonie consiste donc à rallier les Canadiens à la cause britannique. Pour y parvenir, le parlement britannique adopte finalement, en 1774, l'Acte de Québec. Celui-ci confirme le maintien des lois civiles françaises et le libre exercice de la religion ; il permet aussi aux Canadiens catholiques d'accéder à des postes officiels, mais ce, uniquement au sein de la colonie. Par conséquent, toute possibilité de carrière militaire dans l'armée régulière demeure inaccessible aux gentilshommes du pays.
La milice est rétablie au cours de l'année suivante avec des seigneurs pour officiers. Influencé par le clergé et la noblesse qui cherchaient à consolider leur position sociale, Carleton en arrive à penser que la colonie gagnerait à être gouvernée selon un genre de régime féodal où les seigneurs, les membres du clergé et les grands marchands conseilleraient le gouverneur. Habitués à un régime autocratique, les Canadiens ne comprendraient rien, selon lui, à une assemblée législative, et seraient plus heureux en obéissant à leurs seigneurs et à leurs prêtres. Il s'agit d'une erreur fondamentale, qui trahit une mauvaise compréhension du gouvernement de l'époque française.
- Date de modification :