La révolte de Pontiac et l'invasion américaine
Milice et corvée
Ce revers désastreux remet en question l'efficacité de la défense du Canada dans l'éventualité d'une autre invasion. Au printemps de l'année 1777, le gouverneur Carleton avait promulgué une loi de la milice, la première depuis la fin du Régime français. Dans l'ensemble, cette loi reprenait les dispositions en vigueur depuis 1669. Tous les hommes âgés de 16 à 60 ans en état de porter les armes devaient appartenir à la milice. Regroupés en compagnies paroissiales, ils étaient tenus de participer aux exercices et aux devoirs civiques, notamment les corvées. Fait nouveau, cependant, les résidents anglais étaient maintenant assujettis à cette loi. En réalité, leurs obligations n'étaient pas tout à fait les mêmes. Les Canadiens murmuraient d'ailleurs que les « habitants et artisans anglais, qui sont assez nombreux au Canada 47 » n'étaient jamais appelés pour les dures corvées de construction et d'entretien.
En mars 1778, un incident survenu à Mascouche vient aggraver ce malaise plusieurs citoyens « refusèrent d'obéir à leur capitaine », décrit comme « un ivrogne ». D'apparence relativement anodine, l'affaire prend des proportions importantes lorsque le commandant de Montréal envoie au village un détachement de soldats, « qui pillèrent presque toutes les maisons et violèrent plusieurs filles et femmes... châtiment terrible qui ne se fait pas parmi les Barbares ». Cette nouvelle fait rapidement le tour des campagnes. Carleton n'intervenant pas pour punir les coupables, plusieurs croient qu'il approuve tacitement cette conduite. Cet événement, ajouté à l'injustice des corvées, a pour effet de cantonner davantage encore les Canadiens dans la neutralité car, comme le constate l'un d'eux, « comment veut-on que les Canadiens, après un traitement si rigoureux, soient disposés à prendre les armes 48 [?]»
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