La côte du Pacifique convoitée

Les « Vikings du Pacifique Nord »

L'art de la guerre dans le Nord-Ouest américain

Les nations côtières, qui se composent essentiellement de navigateurs, attaquent souvent des villages ou des forts ennemis à bord de flottilles de canots. Ces grandes embarcations, richement décorées, peuvent atteindre vingt mètres de long.

Elles s'avèrent particulièrement rapides et efficaces lorsqu'elles sont propulsées à la force des bras par de nombreux rameurs. Quand les pagayeurs soutiennent une cadence rapide, de tels canots dépassent la vitesse de sept nœuds marins, allure supérieure à celle d'une frégate européenne. Ces peuples connaissent aussi l'usage de la voile. Les raids qu'ils effectuent par ce moyen ont surtout pour but de faire des prisonniers, gardés comme esclaves. Dans certains villages dont les expéditions sont régulièrement couronnées de succès, le tiers de la population peut être composé d'esclaves. Contrairement aux autochtones de l'est et du centre, ceux de la côte du Pacifique ne pratiquent pas la torture rituelle et ne lèvent pas de scalps, mais tranchent la tête de l'ennemi tué qu'ils gardent en guise de trophée. Tant pour leur bravoure que pour leur habileté à naviguer, on les a parfois nommés les « Vikings du Pacifique Nord ».

Outre leurs imposants villages, ces peuples bâtissent des forts côtiers à l'aide de hauts troncs de cèdre. Ils en érigent également au sommet des collines et le long des rivières, afin de contrôler et de taxer le trafic maritime sur les cours d'eau qu'ils dominent. Des fouilles archéologiques récentes ont fait connaître le fort de Kitwanga, sur un promontoire de ce type situé en amont de la rivière Skeena, mais il y en a bien d'autres, qui constituent autant de postes de péage. À l'occasion, un désaccord relatif au droit de passage peut provoquer un siège, au cours duquel les assaillants tenteront d'incendier le fort, pendant que ses défenseurs feront débouler sur eux, du haut des palissades, des troncs d'arbres.

L'art militaire des peuples de la côte nord-ouest de l'Amérique est donc passablement développé et ceux-ci constituent potentiellement de redoutables adversaires pour les Européens. D'ailleurs, lorsqu’auront lieu les premiers contacts, ils ne manifesteront aucune crainte à l'endroit de ces nouveaux venus blancs arrivant sur de grands navires à voile.