La côte du Pacifique convoitée
La vie de garnison à Nootka
De meilleures relations entre Espagnols et indigènes
Légende: Fort espagnol à Nootka en 1793
Pendant que ces événements se déroulent en Europe, la vie à Nootka est relativement paisible, bien que pénible. La garnison, habituée au climat mexicain, souffre beaucoup du froid et de maladies, malgré ses provisions de vêtements chauds et de médicaments. Plusieurs soldats succombent, quelques-uns désertent, d'autres sont renvoyés en Californie pour y être soignés. La garnison compte entre 73 et 76 soldats durant l'année 1791, et entre 64 et 73 durant l'année 1792, nombre qui tombe à 59 en 1793.
Pedro de Alberni, commandant de la garnison de Nootka, met tout en oeuvre pour reconquérir l'amitié des Amérindiens, qui se sont retirés après la mort de Callicum. Ces derniers répondent aux avances des Espagnols et reviennent à Nootka. Fin diplomate, Alberni compose même un poème dans leur langue, que ses soldats chantent en choeur en l'honneur de leur chef Muquinna: « Muquinna, Muquinna, Muquinna est un grand prince, notre ami ; Espagne, Espagne, Espagne est l'amie de Muquinna et de Nootka 53 ». Le chef est ravi et une ère d'entente cordiale entre la garnison espagnole et les autochtones s'ensuit. Très industrieux, Alberni étudie la botanique, fait aménager des jardins et entreprend de faire de l'élevage de bétail et de volaille dans ce lointain présidio, afin de pourvoir aux besoins des soldats de la garnison et des marins qui y séjournent pendant l'été. Alberni compile aussi le vocabulaire nootka avec son équivalent en espagnol. Il étudie en outre la météorologie, et ses relevés détaillés des années 1790 et 1791 sont les premiers à avoir été effectués systématiquement sur la côte nord-ouest. Alberni quitte Nootka en 1792, mais les Amérindiens garderont longtemps un excellent souvenir de lui. De nos jours, le nom de ce talentueux officier des volontaires catalans est perpétué par Port Alberni, en Colombie-Britannique.
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