La démobilisation

La milice du Bas-Canada

Une institution toujours viable

Au Bas-Canada, la population francophone semble conserver une vision plus respectueuse et plus pragmatique de la milice, car, à cette époque, elle joue encore chez eux un rôle social de première importance. En faire partie est obligatoire, mais y être sous-officier ou officier constitue toujours un motif d'honneur et de fierté. D'ailleurs, une bonne partie de l'élite canadienne-française détient un brevet d'officier.

Certes, durant les années 1820, participer aux exercices et aux travaux de la milice peut s'avérer une corvée comme dans les autres colonies. Toutefois, les assemblées de milice ressemblent encore à des concours de tir au fusil de chasse, et se tiennent habituellement le premier mai, comme sous le Régime français. La rencontre se termine par une véritable fête chez le capitaine (voir Le Patrimoine militaire canadien, tome 1). Le jour de la Saint-pierre, les miliciens se rassemblaient après la messe, à la porte de l'église. Une fois alignés, le capitaine leur faisait crier « Vive le roi ! » et... « le pays était sauf, la paix assurée 90 ».

Beaucoup de miliciens canadiens-français pratiquent donc encore le tir, et leurs relations avec les officiers sont cordiales. L'organisation est relativement égalitaire et ne compte pas véritablement de « volontaires » dans le sens britannique ou américain du terme ; faire partie de la milice est plutôt considéré comme un devoir communautaire. Hormis au sein des états-majors et de quelques compagnies des villes, les miliciens canadiens-français, officiers et soldats confondus, ne voient guère l'utilité du port de l'uniforme.