La démobilisation
La démobilisation de la milice canadienne-française
Bien sûr, la milice francophone du Bas-Canada existe toujours sur le papier et elle continue à se rassembler. En 1828, à la demande du gouverneur en chef, certains hommes se sont même pourvus d'uniformes. Plus encore, dans le comté de Dorchester, en Beauce, une compagnie francophone à cheval, vêtue de gris avec collets et parements noirs et armée par le gouvernement, pourchasse les déserteurs, comme une gendarmerie le ferait. Mais toute cette activité ne peut masquer un profond
Malaise 94.
En réalité, la population canadienne-française remet sérieusement en question les valeurs même de la milice. Le contrôle de cette institution, naguère si proche de ses préoccupations et si chère à sa fierté, lui échappe de plus en plus. Finalement, les Canadiens français se détournent de cette organisation qui ne les représente plus. Puisqu'on cherche à les assimiler et à les humilier, ils s'isoleront socialement afin de pouvoir conserver et promouvoir leur identité, tout en n'adhérant réellement qu'aux institutions qu'ils contrôlent leur Église et leurs partis politiques. La milice et, plus généralement, l'idée même du service militaire, deviennent l'affaire « des autres », et seule la défense du territoire immédiat les concerne désormais. En 1830, bien que son organisation subsiste, la milice canadienne-française est pratiquement anéantie dans les faits. Cette situation, aggravée par un terrain politique miné, favorisera l'éclosion des rébellions de 1837 et de 1838.
- Date de modification :