La démobilisation
Début des rébellions de 1838
Craintes de soulèvements des patriotes
Légende: Escarmouche en 1838 à Dickinson's Landing, au Haut-Canada, entre les Patriotes et la cavalerie loyaliste
En réalité, ce calme n'est qu'apparent. De nombreuses rumeurs circulent à propos des sociétés secrètes patriotes et le nouveau gouverneur en chef lui-même, Lord Durham, croit qu'elles pourraient regrouper jusqu'à 3 000 partisans pour la seule ville de Montréal. En effet, le surintendant de la police nouvellement créée à cet endroit, Pierre-Édouard Leclère, reçoit quotidiennement des bribes d'informations selon lesquelles un grand et terrible soulèvement se préparerait.
Ces craintes sont certes fondées. La stratégie des Frères-Chasseurs, mise au point par leur chef, Robert Nelson, prévoit la prise de Sorel par une partie de leurs membres, qui se joindront ensuite à une armée patriote venant des États-Unis pour s'emparer des forts Chambly et Saint Jean. Pendant ce temps, à Montréal, d'autres Frères-Chasseurs désarmeraient les troupes durant les services religieux du dimanche, période où les soldats ne sont armés que de leurs baïonnettes 101. Des soulèvements devront éclater simultanément en plusieurs points. Mais, le 2 novembre, le complot est éventé et les Britanniques sont en état d'alerte. Dès le lendemain, un important contingent de troupes régulières se dirige vers la frontière américaine. Au même moment, toutefois, des citoyens loyaux se présentent au fort Lennox pour s'y réfugier : des Patriotes ont traversé la frontière et se sont emparés de Napierville !
En effet, Nelson, proclamé président de la république du Bas-Canada, a installé son quartier général dans cette petite ville. Rejoint par les forces républicaines du docteur Cyrille Côté, il se prépare à avancer vers Montréal. Les Frères-Chasseurs sortent alors de l'ombre et commencent à se rassembler dans plusieurs localités, au sud de Montréal. Toutefois, malgré les plans concoctés au Vermont, l'organisation de l'opération est loin d'être au point. Elle « consistait tout bonnement, rapporta un Chasseur, dans la promesse d'un certain nombre [d'hommes] de se rendre en armes à l'appel des chefs alors à peine désignés. Quant à notre armement..., nos partisans [à Saint-Timothée] pouvaient réunir environ 100 fusils de chasse, dont la plupart dataient du temps des Français ; les autres étaient armés de fourches de fer, en guise de piques, et [de lames de] faux transformées en sabre 102 ».
Le dimanche 4 novembre au matin, environ 600 Patriotes, dont la moitié sont armés de fusils, prennent le contrôle de la petite ville de Beauharnois, au sud-ouest de Montréal. Dans la ville même, Colborne ordonne à la milice des comtés de Glengarry et de Stormont, situés à l'est du Haut-Canada, de s'y rendre, met la garnison sur le pied de guerre et lance un ordre de mobilisation aux volontaires. En moins de quelques heures, 2 000 volontaires se retrouvent sur place, surveillant les entrées de la ville et sillonnant les rues. Toute action des Frères-Chasseurs contre la garnison est neutralisée. D'ailleurs, plusieurs suspects sont interpellés par la police et les volontaires, car la loi martiale est entrée en vigueur. Soldat prudent, Colborne attend les renforts, car on estime à environ 5 000 le nombre de Patriotes au sud de Montréal. En réalité, ils sont entre 2 500 et 3 000, déjà divisés par des conflits internes et des trahisons.
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