Une décennie tumultueuse

La fin d'une époque

Le navire de transport des troupes Orentes quittant Québec le 11 novembre 1871

Légende: Le navire de transport des troupes Orentes quittant Québec le 11 novembre 1871

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Ainsi se termine ce que l'on pourrait appeler l'époque des invasions. De 1755 à 1871, le pays, gouverné tour à tour par des Français, des Britanniques et des Canadiens, vécut presque constamment sous la menace d'invasions réelles ou appréhendées. Mais, au terme de tous ces combats, de tous ces déploiements de troupes et de vaisseaux, de toutes ces constructions et de toutes ces explorations militaires, le Canada se retrouve considérablement agrandi, s'étendant de l'Atlantique au Pacifique. En effet, la Colombie-Britannique est devenue province canadienne le 20 juillet 1871, ce qui, en un sens, a consacré une sorte de « destinée manifeste » à la canadienne. Moins mouvementée que celle de ses voisins du sud, mais pas nécessairement moins réussie !

Après toutes ces guerres et ces craintes d'invasion, les Canadiens de toutes les origines sont certes las des conflits armés. Comme il n'y aura manifestement plus de guerre avec les États-Unis, le gouvernement canadien ne se montre guère intéressé par les problèmes militaires. Il sabre profondément dans les budgets de l'armée et en laisse la gestion à quelques officiers britannophiles. Quoi qu'il en soit, la nouvelle armée régulière canadienne ne compte qu'un petit bataillon au Manitoba et les deux unités d'artillerie postées à Kingston et à Québec. Les milices volontaires sont nombreuses, mais bien en deçà du potentiel national, et, par conséquent, coûtent moins cher qu'elles ne le devraient. Cette situation fait indéniablement l'affaire du gouvernement, qui tente déjà d'amasser le capital nécessaire afin de compléter le lien ferroviaire avec les provinces maritimes et d'entreprendre la réalisation de son grand rêve : prolonger le chemin de fer jusqu'au Pacifique, ouvrant ainsi les territoires de l'Ouest à la colonisation. Visiblement, tous les Canadiens, autant ceux de vieille souche que les immigrants fraîchement débarqués des navires, sont surtout préoccupés de bâtir un immense pays et de se tailler une vie meilleure dans un État qui semble désormais à l'abri des affres de la guerre.