La vie quotidienne des soldats et des officiers

Les officiers

Le mess

Officiers au mess vers 1850

Légende: Officiers au mess vers 1850

Le centre social des officiers est le « mess ». Ce mot a pour origine la coutume qui se développe, chez les officiers, de partager certains frais afin d'améliorer l'ordinaire des repas - « messing » - qu'ils prennent ensemble. Cette pratique est amenée à se répandre et, dès les années 1760, les commandants sont encouragés à former des mess d'officiers, non seulement pour les avantages matériels qu'ils présentent, mais aussi pour développer chez les gradés l'esprit de corps et le sentiment de vivre « ensemble comme dans une famille 83 ». Peu à peu, les mess régimentaires deviennent plus sophistiqués; ils se dotent d'abord de leur propre vaisselle et verrerie puis, bientôt, d'argenterie, de meubles de luxe, et enfin, de leur propre personnel. Les frais sont couverts par un prélèvement sur les appointements de chaque officier, proportionnel à son grade, auquel vient s'ajouter, à partir de 1818, une gratification du souverain.

Au XIXe siècle, le mess est devenu un endroit très confortable, où l'officier trouve des livres, des journaux, des jeux de société et une bonne cave à vin pour alimenter les discussions avec ses frères d'armes dans une atmosphère chaleureuse. C'est l'équivalent militaire d'un bon club privé. Dans plusieurs garnisons, le mess des officiers n'a rien à envier à la vie sociale locale. C'est probablement le haut lieu d'un certain raffinement dans l'art de vivre et aussi d'une certaine qualité de vie intellectuelle. Bien sûr, la fréquentation du mess comporte des obligations, la première étant évidemment que ses membres se conduisent en gentilshommes. Les premiers règlements apparaissent au début du XIXe siècle. Ainsi, les membres célibataires doivent habituellement y dîner trois ou quatre fois par semaine, les membres mariés et les gentilshommes civils ayant droit à une invitation hebdomadaire. La visite improvisée d'une femme y cause un véritable scandale. Les dames sont cependant admises une fois par mois pour un dîner d'apparat donné en leur honneur. Les musiciens du régiment agrémentent habituellement le dîner des invités, ainsi que celui des dames, ce dernier se terminant d'ailleurs par des danses.