Les soldats du roi

Offensives contre les Iroquois

Résultats variés

Les pertes furent difficiles à évaluer de part et d'autre. Les Agniers prétendirent avoir tué une douzaine de soldats français, en avoir capturé deux et en avoir trouvé cinq autres morts de faim et de froid, tout en déclarant n'avoir eu que trois guerriers tués et cinq blessés. Ils ajoutèrent n'avoir pu causer de sérieux dommages à l'expédition française, qui était très mobile. Ceci concorde avec les rapports français. On croit d'abord avoir perdu une soixantaine d'hommes, mais on se ravise, car on signale par la suite « que la plupart des soldats qu'on croyait perdus reviennent tous les jours » 44.

En définitive, cette première sortie du régiment de Carignan-Salières fut un fiasco par rapport aux objectifs qu'elle poursuivait, à savoir la destruction des villages iroquois. D'autre part, on y a accompli quelque chose de quasiment impensable : mener une expédition guerrière en plein hiver canadien, déplaçant plus d'un demi-millier d'hommes sur des centaines de kilomètres, en pays vierge et en terrain accidenté, ceci dans un des environnements les plus hostiles qui soient.

Les Français tirèrent de nombreuses leçons de cette expédition hivernale d'envergure, la première à avoir jamais été tentée en Nouvelle-France. Ils y apprirent, notamment, l'importance cruciale d'avoir des guides fiables, car, pour ajouter aux difficultés de la chose, les 30 Algonquins qui devaient mener la troupe en Iroquoisie ne furent d'aucune utilité durant près de trois semaines, s'étant enivrés. Ils comprirent aussi la nécessité d'avoir une logistique solide ainsi qu'un équipement et un habillement permettant de survivre dans des conditions aussi difficiles. Toute cette expérience leur servira plus tard.