Un siège interminable
La participation du Canada à la guerre
Les divisions politiques
En 1917, Canadiens français et Canadiens anglais sont déjà bien ancrés dans leurs positions. Les premiers sont à peu près indifférents à cette guerre qui se déroule loin de chez eux et dont les conclusions ne risquent pas de les affecter. Selon eux, c'est ici, en terre d'Amérique, qu'un combat de tous les instants pour leur survie doit se poursuivre.
De leur côté, les Canadiens d'origine britannique se portent massivement volontaires, accusant les francophones du Québec de ne pas faire leur part. En réagissant ainsi, ils ne tiennent pas compte de plusieurs éléments importants. Par exemple, près de 70 pour cent du premier contingent de volontaires est formé de jeunes gens nés dans les îles Britanniques. Sans la conscription de 1917-1918, il est probable que plus de 50 pour cent des volontaires qu'envoie le Canada outre-mer auraient été des personnes nées hors du Canada. Enfin, et ce n'est pas négligeable, les États-Unis qui ne font pas partie de l'Empire vont se tenir à l'écart du jeu mortel de la guerre jusqu'au printemps 1917. Enracinés depuis des générations en Amérique du Nord, les Canadiens français ont un réflexe de non-engagement semblable à celui de leurs voisins du sud, une singularité que trop de leurs compatriotes refusent de voir.
À l'annonce de la conscription, les Conservateurs du Québec ne manquent pas d'affirmer que cette politique va leur coûter cher, ainsi qu'au Parti conservateur. Le projet de loi est présenté le 29 août 1917. Le gouvernement écarte du revers de la main la demande de Wilfrid Laurier qui veut un référendum sur la question. Devant le mouvement de résistance qui déferle sur le pays, et principalement au Québec francophone, le premier ministre canadien, Robert Laird Borden, propose à Laurier de former un gouvernement de coalition. Malgré l'opinion de certains Libéraux disposés à accepter cette offre, l'ex-premier ministre canadien refuse. Un gouvernement d'union sera finalement formé avec 15 Conservateurs, neuf Libéraux proconscription et un représentant des milieux ouvriers.
Ce gouvernement d'union est élu lors du scrutin général du 17 décembre 1917. Il remporte 153 sièges, n'en laissant que 82 à ses opposants. Le Québec s'isole en accordant aux Libéraux 62 de ses 65 sièges. Borden compense ce résultat en accueillant dans son nouveau cabinet un sénateur canadien-français. Le Canada échappera peut-être aux ravages de la guerre, mais le conflit l'aura politiquement divisé.
Entre 1914 et 1918, il est allé aux limites de ses forces matérielles. Ses territoires agricoles en exploitation ont doublé et sa production industrielle s'est remarquablement accrue grâce, entre autres, à l'essor des industries du bois et du papier, ainsi qu'à ses usines de munitions, à ses chantiers maritimes ou à l'aéronautique. L'effort financier du Canada est considérable : la dette du pays passe de 336 millions à 3 milliards de dollars. Les dépenses de guerre se chiffrent à 1,5 milliard de dollars.
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