D'une guerre mondiale à une autre (1919-1943)

L'entre-deux-guerres militaire au Canada

La planification militaire entre les guerres

Tableau résumant l'état de la Défense dans l'entre-deux-guerres

Légende: Tableau résumant l'état de la Défense dans l'entre-deux-guerres

Le Canada est pris dans une dichotomie presque humoristique. Les États-Unis, dans les années 1920, sans beaucoup se tromper sur le fond, perçoivent toujours le Canada comme une colonie britannique. En conséquence, leurs plans de guerre prévoient qu'en cas de conflit armé avec la Grande-Bretagne, ils attaqueraient le Canada. Pour sa part, le plan de défense nº 1 du Canada s'énonce ainsi : en cas de guerre anglo-américaine, les Canadiens s'empareraient de certaines régions des États-Unis. Ce plan de défense secret sera écarté en 1926.

La période 1919-1939, du point de vue de la défense du Canada, est marquée par plusieurs réorganisations. Les forces de défense du Canada retournent à leur rôle d'avant-guerre. Elles sont peu nombreuses, avec un plafond total de 10 000 hommes pour les trois armées, chiffre qui ne sera jamais atteint jusqu'à l'entrée dans la Deuxième Guerre mondiale. La période 1922-1935, marquée par une inflation galopante suivie d'une crise, voit les capacités financières du pays justifier les changements militaires.

En 1918, le Canada a un ministère de la Défense et de la Milice, un ministère de la Marine et une commission pour l'aviation. En 1922, la Loi du ministère de la Défense nationale rassemble ces trois éléments. Cette législation, qui cherche à entraîner des économies, entre en vigueur au début de 1923. Comme suite à cet encadrement, on tente de fusionner les trois armées. Le chef de l'état-major général devient chef d'état-major du ministère de la Défense nationale (CEMMDN) et, à ce titre, inspecteur des trois armées. La Marine s'oppose à cet arrêté ministériel qui ne deviendra jamais exécutoire. Le directeur du Service naval, membre du Conseil de la Défense (qui remplace celui de la Défense et de la Milice de 1904) devient chef de l'état-major de la flotte, en 1927 et le CEMMDN reprend son ancien titre. Au sein du Conseil, se trouve également le directeur du Corps d'aviation royal canadien.

Les budgets de ce ministère remanié ne sont pas très imposants. En 1924-1925, il est de 13,5 millions de dollars, et de 23,7 en 1930-1931. Mais la crise entraîne des compressions et, en 1932-1933, l'effort budgétaire tombe à 14 millions. Plus tard, certains fonds de chômage financent des constructions militaires, mais ils n'aident guère à l'efficacité de l'institution. À compter de 1936, on entreprend un programme de réarmement qui arrive bien tard. On accorde la priorité à la défense du territoire, en particulier aux côtes : en conséquence, on entreprend des travaux sur la côte ouest à compter de 1936-1937, mais ceux-ci ne sont pas terminés en septembre 1939 et la partie qui l'est s'avère peu utile. Les armes installées en batteries sont souvent dépassées ou mal situées. Les unités prévues ont des effectifs incomplets. Les avions de patrouille et d'attaque sont presque inexistants.