D'une guerre mondiale à une autre (1919-1943)

La marine jusqu'en 1942

Terre-Neuve et la bataille de l'Atlantique

Au début de la guerre, les Allemands cherchent leurs cibles dans les eaux européennes, très rarement dans les eaux terre-neuviennes qui sont sous la responsabilité canadienne. Entre septembre 1939 et octobre 1941, ils coulent 164 navires marchands au service des Alliés, mais seulement sept de ceux-ci faisaient partie de convois.

En août 1941, une rencontre dans la baie de Placentia, à Terre-Neuve, entre le premier ministre britannique, Winston Churchill, et le président américain, Franklin Delano Roosevelt, amène les États-Unis à accepter de participer à la protection des navires marchands naviguant dans l'Atlantique Ouest. Jusque-là, les Américains avaient assuré la sécurité navale le long des côtes, les Canadiens allant en mer, à l'est de Terre-Neuve ; les deux autres segments de la route des convois étaient entre Terre-Neuve et l'Islande, et l'Islande et la Grande-Bretagne. Du coup, la petite marine canadienne tombe sous commandement américain. Lorsque les Américains vont en haute mer, ils accompagnent les convois les plus rapides et sont donc moins faciles à atteindre par les Allemands.

À la suite de la guerre avec le Japon, les États-Unis transfèrent une bonne partie de leur flotte de l'Atlantique vers le Pacifique. À l'automne 1942, les Américains ne fournissent plus que deux pour cent des unités de protection des convois transatlantiques, bien que le commandement de la zone reste entre leurs mains.

Vers juin 1942, environ la moitié des navires escorteurs et le quart des patrouilles aériennes des côtes au nord de New York sont canadiens. Comme les États-Unis ne protègent presque plus leur côte atlantique, les Allemands y frappent leur commerce de plein fouet. Le Canada doit envoyer des corvettes au sud, affaiblissant d'autant ses groupes d'escorteurs du nord. Au moment où les Allemands vont s'installer solidement au creux de l'Atlantique Nord, les Canadiens se retrouvent plus ou moins seuls avec une flotte de petits navires d'escorte en croissance, des équipages mal entraînés et de l'équipement désuet.