Le tournant (1943)
La Normandie et le nord-ouest de l'Europe
La participation du Canada aux opérations Overlord et Neptune
Légende: Opérations canadiennes dans le nord-ouest de l’Europe, du 6 juin 1944 au 8 mai 1945
En juin 1944, il n'est pas faux d'affirmer, comme l'a fait le grand historien militaire canadien Desmond Morton, que le Canada mène une guerre totale sur son territoire (avec sa mobilisation des ressources nationales humaines, matérielles, économiques et financières, sa propagande, sa censure, etc.) alors qu'il conduit une guerre limitée à l'extérieur de chez lui qui repose entièrement, à ce moment-là, sur le sacrifice librement consenti de centaines de milliers de ses jeunes hommes et femmes. Dans cette perspective, la participation canadienne au débarquement et à la campagne de Normandie représente une des pointes d'un effort total colossal. Dès que le Canada accepte de participer à l'opération Overlord, ce sont des Canadiens qui prennent en main l'organisation de leur débarquement.
Le Canada est présent dans la phase navale et aérienne qui prépare le débarquement, soit l'opération Neptune. Mais les navires canadiens utilisés ne le sont généralement pas en appui direct des forces terrestres canadiennes. Un manque total de coordination existe entre les trois éléments canadiens, chacun opérant sous des commandements bien différents. Ainsi, les 10 dragueurs de mines canadiens de la 31e Flottille ouvrent un chenal en face d'Omaha, dans le secteur américain. Les six autres dragueurs seront dispersés dans diverses flottilles. Le Canada, qui fournit 16 des 247 dragueurs, aura également deux navires de débarquement d'infanterie, qui desserviront surtout la plage britannique Gold et, un peu, la plage canadienne Juno. Durant des semaines, 19 corvettes canadiennes, sur un total de 181 navires d'escorte alliés, protégeront la logistique à travers la Manche. Une autre partie des Forces maritimes canadiennes, composée de destroyers et d'avions de l'aviation côtière, patrouillera l'ouest de la zone Neptune ou la haute mer, engagée dans la chasse aux sous-marins et aux navires allemands. Le 162e Escadron de l'Aviation royale canadienne sera ainsi crédité de cinq U-boot.
La 260e Flotille de péniches de débarquement d'infanterie sera cependant attachée à la plage canadienne de Juno. Deux destroyers canadiens (l'Algonquin et le Sioux) se rendront très utiles dans les premières phases du débarquement : par exemple, l'Algonquin canonnera et détruira une position d'artillerie ennemie. Quant à la 29e Flotille de torpilleurs canadienne, elle travaillera à l'interception du commerce côtier et des navires de guerre de l'ennemi qui opèrent dans la zone du débarquement.
La 2e Force aérienne tactique inclut, pour sa part, plusieurs escadrons canadiens qui sont parmi les premiers à s'installer dans des aérodromes temporaires en Normandie même. Dès le 10 juin, les 441e, 442e et 443e Escadrons de la 144e Escadre canadienne se posent en Normandie. À la fin de juin, les 126e et 127e Escadres s'y ajoutent. En juin, les pertes aériennes infligées à l'ennemi par les Canadiens s'élèvent à une centaine d'avions.
Les chasseurs-bombardiers (Typhoon) des 438e, 439e et 440e Escadrons de la 143e Escadre canadienne arrivent dans la tête de pont vers la mi-juin. La 39e Escadre de reconnaissance de l'ARC (avec ses 400e, 414e et 430e Escadrons) les rejoint bientôt.
Cet effort naval et aérien canadien, trop souvent laissé pour compte, mérite d'être mentionné. Cependant, aucun de ces deux éléments n'a rencontré une opposition aussi farouche que l'armée de terre. Dès le premier jour, cette dernière compte plus de morts que n'en souffriront au total, durant toute la campagne de Normandie, nos unités navales et aériennes qui y sont aussi engagées.
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