Le tournant (1943)
Le bilan de la guerre
La réintégration des anciens combattants
La législation portant sur la réinsertion des combattants prévoit que ceux-ci pourront retrouver leur emploi d'avant-guerre avec, au contraire de 1919, l'ancienneté et les salaires qu'ils auraient eus s'ils étaient restés ici. En fait, la Charte canadienne des Anciens combattants est plus généreuse que l'américaine. On remet à chacun une allocation de 100 $ pour l'achat de vêtements civils et une prime de 7,50 $ pour chaque 30 jours servis dans l'hémisphère ouest, plus 25 ¢ pour chaque jour servi ailleurs. Celui ayant séjourné outre-mer reçoit sept jours de paie pour chaque six mois hors du pays. Ainsi, un soldat avec trois ans de service, dont deux outre-mer, empochera 512 $. On lui permet d'acheter 10 000 $ d'assurance-vie, en général sans examen médical ; s'il veut s'établir sur une ferme, des emprunts à bas taux d'intérêt (3,5 pour cent) sont disponibles. On paiera des études universitaires ou une formation professionnelle pour une période de temps équivalente à celle durant laquelle le ou la militaire a porté l'uniforme. Si rien de cela n'est acceptable, on versera une prime qui permettra d'acheter et d'entretenir une maison. Les anciens combattants ont accès à tous les privilèges de l'assurance-chômage (apparue en 1941) après seulement 15 semaines de travail. Aucun des pays belligérants n'a un plan de démobilisation aussi attrayant, comme si le gouvernement tentait de se racheter face à la situation lamentable dans laquelle il avait lancé dans la guerre une bonne partie de ses volontaires.
Durant la guerre, les 45 000 femmes volontaires ont été en général payées environ 20 pour cent de moins que les hommes du même grade. Au retour, elles ont cependant accès aux mêmes privilèges qu'eux. En 1946, 16 000 d'entre elles seront mariées et 20 000 travailleront. Dans l'ensemble, elles iront en bien plus grande proportion que les hommes vers la formation professionnelle, le plus souvent dans des métiers conventionnels, comme coiffeuses, infirmières ou couturières 85.
Cela dit, à bien des égards, la Deuxième Guerre mondiale n'est toujours pas terminée. Les hôpitaux d'anciens combattants gardent encore trop de corps et d'âmes meurtris à tout jamais. Les vétérans canadiens de Hong Kong sont devant la Commission des droits de la personne de l'ONU afin d'obtenir réparation des sévices subis aux mains des Japonais. De son côté, la coalition de la Marine marchande du Canada essaie d'avoir le statut d'anciens combattants pour ses membres dont, a déjà dit C.D. Howe, 40 pour cent venaient du Québec entre 1939 et 1945. Dans tous ces cas, l'âge médian des protagonistes voisine les 80 ans.
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