De la guerre froide à aujourd'hui
Les changements
Le rôle de la Force régulière
Légende: NCSM Nootka, Marine royale canadienne, vers 1960
Les Forces permanentes seront également ballottées entre les impératifs politiques internes et les changements stratégiques externes. Le Canada est très tôt attiré dans la guerre froide, ne serait-ce que par les recherches atomiques qui ont été conduites sur son territoire durant la guerre et, quelques semaines seulement après la fin de celle-ci dans le Pacifique, par la défection d'un chiffreur de l'ambassade soviétique, Igor Gouzenko, qui place notre pays au centre d'un réseau d'espionnage soviétique. En février 1948, survient un coup d'État prosoviétique en Tchécoslovaquie suivi, en mars, du blocus de Berlin. La réaction de l'Europe de l'Ouest au danger venu de l'Est sera suivi d'un amarrage de sa défense à l'Amérique du Nord, incluant le Canada.
Le Canada était militairement absent de l'Europe depuis le printemps 1946. Ses troupes stationnées au Canada et ayant survécu à la démobilisation sont peu nombreuses. La Marine a demandé 20 000 hommes et a proposé une flotte comprenant, entre autres, deux porte-avions, et quatre croiseurs. Le gouvernement lui a accordé la moitié de tout cela. L'Armée voulait 55 788 soldats réguliers, 155 396 réservistes et 48 500 conscrits. Elle n'obtient pas la conscription et se voit allouer un effectif de 25 000. L'Aviation obtient 16 000 des 30 000 hommes sollicités.
Il est entendu qu'on assure la sécurité du territoire tout en se préparant à d'éventuels combats outre-mer. Mais la Marine éprouve des difficultés à garder son personnel qu'elle jugule en augmentant les soldes, en 1947 et 1948 mais aussi la proportion des sous-officiers par rapport aux matelots. Sur les navires qui sont en mer, en février 1949, lorsque cette dernière réforme est implantée, on se retrouve soudainement avec plus de chefs que de matelots, alors que les tâches réservées à ces derniers n'ont pas diminué. De plus, comme c'est l'ancienneté qui a prévalu pour ces promotions, quelques-uns des nouveaux sous-officiers ne sont pas des meilleurs. S'ensuivront les incidents qualifiés trop facilement de mutineries. Jusqu'ici, on a trop relié ces « arrêts de travail » au fait que les officiers de la marine étaient coupés de leurs marins par leur formation trop britannique. La discipline telle qu'elle a été apprise en Grande-Bretagne n'est pas celle qui devrait se pratiquer au Canada, comme l'a signalé la commission, sous la conduite du contre-amiral Rollo Mainguy, qui a étudié les incidents en 1949. Ses recommandations étaient valables à ce sujet. Mais les études des commissaires n'ont pas assez tenu compte de la réaction provoquée à court terme par des réformes dans la gestion du personnel qui, à moyen et long terme, étaient très positives.
L'Armée, pour sa part, crée sa Force de frappe mobile que certains, dont le lieutenant-colonel Ralph Becket, avaient préconisée durant la guerre. Des soldats reçoivent une formation de parachutistes et la force, transportée par l'Aviation canadienne, peut être déployée rapidement sur tout point du territoire susceptible d'être attaqué. Comme l'ennemi reconnu devient vite l'URSS et que celle-ci pourrait arriver par le nord, les exercices arctiques avec équipements et matériel spéciaux sont de mise.
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