De la guerre froide à aujourd'hui
Le maintien de la paix
La guerre de Corée
Légende: Le 2ème bataillon du Princess Patricia’s Canadian Light Infantry, Kap’Yong, Corée, 1951
Légende: Visionner le multimédia - Opérations de maintien de la paix
Parfois, l'intervention canadienne reliée à l'objectif « paix » se fera à l'aide de moyens importants. Ainsi en est-il de la première grande mission de paix sous l'égide de l'ONU, mais commandée par des Américains, qui est mieux connue sous le nom de guerre de Corée. En 1945, les occupants japonais de la Corée du Nord s'étaient rendus aux Soviétiques et ceux de la Corée du Sud aux Américains. L'entente entre alliés stipulait que des élections pan-coréennes seraient rapidement organisées. Une commission spéciale de l'ONU chargée de veiller à la réalisation de cette élection n'a pas abouti. Dans la nuit du 24 au 25 juin 1950, la Corée du Nord décide de régler à sa façon la réunification coréenne, par une attaque massive contre le sud de la péninsule. La guerre froide qui a cours dès 1945, mais qui a pris une certaine ampleur à partir de 1948, risque de tourner en une vraie guerre. La politique de la chaise vide adoptée par l'URSS au Conseil de sécurité, à ce moment-là, permet à ce dernier de décider d'une intervention sous direction américaine en faveur de la Corée du Sud.
Pour aider à ce rétablissement de la paix, le Canada envoie, le 30 juin, trois de ses destroyers qui seront rapidement engagés dans la protection de convois, le bombardement en appui aux débarquements ou rembarquements de troupes terrestres de l'ONU ou, encore, dans celui de trains ennemis qui utilisent les voies ferrées côtières. En juillet, un escadron de transport aérien est aussi placé sous le commandement de l'ONU pour servir entre les États-Unis et le Japon. Puis le 7 août, on annonce la formation de la Force spéciale de l'Armée canadienne. Plutôt que d'envoyer la brigade de la Régulière, on se fonde, comme en 1914 et 1939, sur le volontariat pour créer la 25e Brigade d'infanterie. Les trois régiments du moment formeront chacun un deuxième bataillon de volontaires pour l'occasion.
C'est au 2e Bataillon du PPCLI que revient l'honneur d'être le premier au combat. À l'été 1951, lorsque la brigade canadienne sera complète, en Corée, elle fera partie de la 1re Division du Commonwealth composée aussi d'Australiens et de Britanniques. Cette intervention qui devait être de courte durée se poursuivra pendant quatre ans et amènera le Canada à y commettre, en roulement, ses bataillons de la Régulière ainsi qu'un 3e Bataillon que chacun des régiments ajoutera à ses 1er et 2e Bataillons.
On se souvient que la division canadienne prévue pour la guerre du Pacifique, en 1945, devait être entraînée et équipée à l'américaine : c'est exactement ce qui se produit en 1950 en ce qui a trait à l'entraînement, bien que l'équipement soit un mélange canado-britannico-américain.
Avant que le Canada soit présent sur le terrain, les troupes appuyant la Corée du Sud, américaines surtout, rétablissent temporairement les choses. Si bien qu'en novembre 1950, elle ont reconquis tout ce qui avait été perdu au sud (en fait, la majorité du territoire sud-coréen) et ont tellement avancé au nord qu'elles approchent des frontières chinoises.
C'est alors que les Chinois entrent en ligne et, avec leurs alliés nord-coréens, font reculer l'ONU qui contre-attaque à compter de février 1951. C'est durant cette phase de la bataille que le 2e Bataillon du PPCLI est engagé. À la mi-avril, on est au nord de la frontière nord-sud qui existe depuis 1945. Le 22 avril, une division sud-coréenne est cependant mise en déroute au nord de Kap'Yong et la 27e Brigade du Commonwealth est ramenée, alors qu'elle était en réserve, pour empêcher la percée à travers la vallée de la Kap'Yong. De la fin du jour du 22 jusqu'au matin du 23, le PPCLI résiste à toutes les attaques au prix de pertes somme toute minimes (10 tués et 23 blessés). Cela lui vaudra une citation à l'ordre du jour du président américain, un fait tout à fait singulier dans notre histoire militaire. C'est plus ou moins la fin de la poussée sino-coréenne. Le front est rétabli aux environs du 38e parallèle, soit à la frontière qui séparait les Corées avant le début des hostilités. En 1952 et 1953, plusieurs combats défensifs de petite ou moyenne envergure et d'actions pour le contrôle du no man's land auront lieu, et ce, jusqu'à la trêve signée le 27 juillet 1953. Plusieurs de ces engagements seront plus coûteux que celui de Kap'Yong. En mai 1953, par exemple, les Canadiens perdent 60 hommes à la suite d'une attaque contre une position tenue par le 3e Bataillon du RCR. En novembre 1951, ce sont les hommes du 2e Bataillon du Royal
22e Régiment qui ont subi le coup d'une dure attaque. Le 8 novembre 1954, les combattants canadiens reviennent au pays.
Presque 22 000 Canadiens auront servi en Corée. Avec plus de 1 500 pertes, dont 309 morts, cette intervention canadienne devient la troisième plus coûteuse de celles menées outre-mer.
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