De la guerre froide à aujourd'hui
L'OTAN
Une nouvelle alliance de dissuasion
Quatre ans après la fin de la Deuxième Guerre mondiale, le Canada décide de devenir membre d'une alliance de type conventionnel en vertu de l'article 51 et du chapitre VIII de la Charte des Nations unies, qui permettent des accords régionaux en vue de maintenir la paix et la sécurité internationales. Dans l'histoire contemporaine de notre pays, le Traité de l'Atlantique Nord de 1949 est un événement important, car le Canada fait désormais partie d'une vaste alliance militaire, ce qui n'avait pas été le cas jusque-là : sa zone de défense inclut maintenant les deux rives de l'Atlantique et une partie de la Méditerranée.
On comprend mal ce traité si l'on ne s'arrête pas à quelques faits importants. L'Union soviétique a connu une expansion territoriale importante à la suite du second conflit mondial, englobant dans son territoire de petits États comme la Lituanie, et s'emparant de parties de la Finlande. Elle a aussi conquis la Pologne, la Hongrie et la Tchécoslovaquie. Au total, l'URSS s'est agrandie de centaines de milliers de kilomètres carrés, et quelques dizaines de millions de personnes sont passées sous son joug. Cette politique de l'annexion s'appuie à la fois sur une idéologie communiste dynamique et sur une armée qui n'a pas été démobilisée après 1945. La présence de celle-ci est très visible jusqu'au centre de l'Allemagne.
Par ailleurs, de 1945 à 1947, les effectifs américains en Europe sont réduits et passent de 3 100 000 hommes à 154 000 ; ceux des Britanniques, de 1 300 000 en 1945 à 500 000 en 1946. Quant aux troupes canadiennes, elles sont toutes ramenées au pays à la fin de 1946. La contribution canadienne au relèvement de l'Europe se fera par des crédits financiers ou l'envoi de nourriture et d'approvisionnements de toutes sortes dont les nombreux équipements des démobilisés canadiens offerts à des divisions néerlandaise et belge.
D'autre part, l'Europe de l'Ouest est en pleine reconstruction économique. La priorité est donnée aux besoins primaires. Ses forces armées sont mal équipées et pratiquement inexistantes. Une force militaire défensive, considérable en nombre et puissamment armée, doit logiquement y être constituée en vue d'intimider d'éventuels agresseurs, au premier rang desquels on place l'Union soviétique. Signé le 17 mars 1948 par la France, la Grande-Bretagne, la Belgique, la Hollande et le Luxembourg, le Traité de Bruxelles établit les bases de cette puissance militaire.
Cependant, les Européens n'ignorent pas que seule la présence militaire américaine en Europe peut les protéger face à l'Union soviétique. Déjà, avant la signature du Traité de Bruxelles, l'Angleterre fait parvenir aux États-Unis une proposition d'alliance entre les pays bordant l'Atlantique Nord ; le Canada en ferait partie. À ce sujet, entre mars et juin 1948, le Canada participe avec la Grande-Bretagne et les États-Unis à des négociations qui seront accessibles, par la suite, aux autres pays désireux de s'engager.
Lors des négociations entourant le traité, le Canada constate que plusieurs des points de vue qu'il avance sont rejetés. Il obtiendra toutefois un succès mitigé. Dès l'ouverture des pourparlers, les négociateurs canadiens ont insisté pour que le traité ne se limite pas aux aspects militaires. Cela a été accepté à la suite de longues discussions avec d'autres représentants incrédules.
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