Armement et expérience du temps de guerre
Des Canadiens sur la Côte d Azur en 1944
La 1re brigade de service spécial
En août 1939, Ralph Wilson Becket est un jeune avocat montréalais qui a été détaché à l'Ile-du-Prince-Édouard afin d y gérer une fiducie appartenant alun des associés principaux de son bureau d'avocats. Sur les lieux, Becket s'est enrôlé comme second lieutenant dans le Prince Edward Island Highlanders. Il a 31 ans. Dès le 1er août, son régiment est mobilisé. Son quartier général est à Dartmouth, Nouvelle-Écosse, et son premier rôle sera celui de protéger la côte est. En novembre 1940, voyageant en train, Becket lit le magazine Liberty où on fait état de l'entraînement parachutiste d’Américains à Fort Benning, en Géorgie. Arrivé à Halifax, il prépare une note de service dans laquelle il souligne à quel point une unité parachutiste pourrait être utile contre des descentes d'ennemis sur les côtes canadiennes. Ne s'attendant pas à ce que le Canada lance son propre entraînement, il propose déformer les parachutistes aux États-Unis. Il se doute bien, cependant, qu'une telle unité ne resterait pas longtemps au Canada, durant ce conflit. En 1942, alors qu'il est officier d'état-major au sein de la 18e Brigade que l'on vient à peine de former, à Prince George, en Colombie-Britannique, Becket voit un message Très Secret annonçant la formation, à l'aide de volontaires, du 2e Bataillon parachutiste dont l'entraînement se fera à Helena, au Montana. L'unité fera partie d'une entreprise canado-américaine, la 1re Force de service spécial. Après quelques difficultés (il est myope), Becket réussit à se faire admettre.
L'arrivée disciplinée du premier détachement de Canadiens, chacun dans l'uniforme de son régiment d'appartenance, au Fort William Henry Harrison, près d'Helena, derrière un cornemuseur, cause un certain émoi parmi les Américains présents, mais pas autant que celui décrit dans le film La Brigade du diable, précise Becket. La Force est organisée à l'américaine, avec trois régiments de deux bataillons, chacun comprenant trois compagnies. En août 1944, Becket commande le 3e Régiment de la Force. Le 2e Bataillon de ce régiment est commandé par John Bourne, du Royal Highland Regiment of Canada (Blackwatch), de Montréal.
La Force se prépare à une action amphibie dans le secteur de Toulon. Deux navires canadiens pour le transport de troupes seront de service pour l'occasion. L'objectif du régiment de Becket est de prendre, à H-5, l'île du Levant, une des îles d Hyères, à l'est du dispositif. Sur l'île du Levant, une batterie côtière a été répertoriée. Le débarquement se fait dans la nuit du 14 au 15 août 1944, un an exactement, jour pour jour, après celui contre Kiska (auquel la Force, et Becket, avait participé) et a pour but de protéger un flanc de l'attaque principale contre le continent. Il s'avère que l'île du Levant est un Kiska à sa façon ! Peu d’Allemands et une fausse batterie y sont rencontrés. Tout de même, un de ses bataillons doit se battre et fait quelques prisonniers. Après avoir aidé le 2e Régiment à s'assurer des positions les plus difficiles à prendre sur l'île de Port-Cros (15-16 août), Becket est transféré sur la terre ferme. D’abord à Fréjus, où il doit combattre, pour ensuite progresser vers Grasse. Le 3e Régiment se voit assigner la traversée des Alpes maritimes durant cette avance. C'est une bataille assez dure pour les approches de la capitale mondiale de la parfumerie et qui n a rien à voir avec le chapitre intitulé La campagne du champagne, dans le livre La Brigade du diable. La progression vers la frontière italienne est assez rapide, les divisions allemandes n'étant pas les meilleures. Mais des hommes meurent, sont blessés ou handicapés à jamais sur cette Côte d’Azur, dont le seul nom évoque les plaisirs de la vie. Becket et son régiment libèrent Biot, où entre en jeu l'artillerie allemande, qui ne cause pas trop de casse. C'est là aussi que Becket rencontre les raseurs de crânes des collaboratrices, qu'il stoppe aussitôt, au grand déplaisir des résistants de la dernière heure.
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